« Le cheval n'a pas le droit d'avoir d'idées personnelles sur l'équitation »
Et pourtant, les huit chevaux que nous avons pu voir au cours du second stage de cette année avec le Colonel Carde nous ont donné leur point de vue en exclusivité : conduits par les conseils de l'expert, ils nous ont démontré, par l'amélioration radicale -voire spectaculaire- de leur attitude en un temps très court leur parfaite adhésion aux principes énoncés.
Comme lors du premier stage organisé à Saumur par Nicole Lahm, fondatrice du site d'utilité publique que vous êtes en train de consulter, les cavaliers et leur monture ne sont pas venus tête vide, mais avec un objectif. Cette fois, chacun ayant progressé, il s'agissait pour la plupart d'aborder l'idée de rassembler.
Cet écueil de l'équitation où certains font naufrage par précipitation et crispation a été ramené par le colonel en trois éléments fondamentaux : impulsion, équilibre et soumission.
De là, avec la bienveillance qui le caractérise, il a dispensé les conseils nécessaires pour remettre devant les chevaux qui se retenaient, redonner « du capot » aux rétrécis du devant et engager les croupes à la traîne.
Au fur et à mesure, les chevaux s'équilibrent et se composent, font travailler leur ligne du dessus. Un cheval qui progressait en glissant vers l'avant change de locomotion et se met à rebondir. Je peux même témoigner officiellement avoir vu les chevaux grandir sans qu'on leur ait donné aucun complément alimentaire durant la séance, (en-dehors de Palladio, gourmand!)
Ainsi les chevaux ont-ils parlé; mais les cavaliers aussi ont fait part des sensations nouvelles qu'ils pourront retrouver ensuite dans leur travail en solitaire et dans les concours qu'ils fréquentent pour certains.
Les interventions concernant leur position ne sont faites qu'avec parcimonie, si certaines erreurs gênent le cheval: quelques actions de mains parasites sont calmées, quelques épaules s'effacent.
Les exercices sont ensuite choisis en fonction des objectifs et des problèmes rencontrés. Ici le reculer et la demi-pirouette autour des hanches ont été travaillés sous un œil vigilant.
Les piaffers semblent se mettre en place d'eux-mêmes, conséquence logique du travail préalable, obtenus quasi «sans faire exprès», sans aucune contraction néfaste, dans le calme et une soumission dont la question n'a même pas l'air de se poser.
L'impression dominante, outre la clarté qui se dégage d'un discours toujours extrêmement précis et accessible et organisé est celle de la facilité, de la décontraction qui selon notre mentor «indiquent qu'on est sur la bonne voie» mais auxquelles je reprocherais de m'avoir dangereusement donné l'envie de «faire pareil», puisque ça a l'air si simple!
Enfin, voyant les langues des chevaux et des cavaliers se délier, les spectateurs n'ont pas voulu être en reste : un concurrent de hunter ayant assisté aux leçons du samedi est est revenu dimanche après-midi nous raconter qu'habituellement il était souvent bien placé sur les concours, mais que le matin, il venait de gagner son épreuve «en suivant les conseils du colonel Carde», ce qui montre que ces principes ne sont pas réservés au cheval de dressage.
Les spectateurs reconnaissants remercient l'orateur de conclure certains exercices par des traits d'humour qui sont leurs descentes de mains.
J'ai donc passé chez Josette et Bernard Bleschet à Chézy, mon deuxième meilleur week-end équestre de l'année, avec ceux qu'il me tardait et me tarde déjà de revoir, les 23 et 24 juin, en Alsace cette fois...
Anne Brignon