La caresse (ou récompense)
Le général écrit dans la deuxième partie de son livre- généralités-, chapitre sur les aides:
" la caresse et la voix permettent au cavalier d'agir sur le moral du cheval pour l'exciter ou pour le calmer, pour le gronder ou le récompenser".
S'il y a une constante, depuis des siècles, chez ceux de nos auteurs qui font autorité, c'est bien celle qui affirme la conviction que la pratique équestre doit être placée sous le signe de la plus agréable compréhension entre l'homme et sa monture,
On connait la fameuse citation de Pluvinel ( 1555-1620) "......en prenant garde de l'ennuyer si faire se peut et d'étouffer sa gentillesse car elle est aux chevaux comme la fleur sur les fruits , laquelle ôtée ne retourne jamais"
Plus tard, à l'époque de Versailles, Gaspard de Saunier (1663-1748) nous disait sa conviction que " Les chevaux profitent toujours davantage par la douceur que par les grands châtiments....les grandes leçons données rudement les gâtent".
Plus près de nous Gustave Lebon ( 1841-1913) affirmait que " le cheval est fort sensible aux bons traitements et surtout à la voix et aux caresses".
Nous expliquant que c'est par la loi des associations par contiguïté que s'établit le langage entre le cheval et nous, il précise " qu'il suffira de faire suivre immédiatement et toujours l'obéissance d'une récompense.....pour que le cheval finisse par perdre toute velléité de résistance."
Ceci étant dit la caresse n' aura, me semble-t-il , d'effet positif et utile que dans sa sincérité et l'opportunité de son action.
La sincérité, d'abord. Des études récentes nous apprennent qu'en fonction de nos émotions nous dégageons des odeurs différentes que le cheval perçoit parfaitement . Elles sont à l'origine d' interactions extrêmement subtiles entre le cheval et celui qui veut s'accorder avec lui. C'est ce qui faisait dire au colonel Wattel " j'y pense " quand on lui demandait comment il s'y prenait pour les changements de pied. Donc inutile de caresser les dents serrées par la contrariété, la déception ou autre sentiments négatif; cela serait sans effet..
L'opportunité, ensuite. Puisque le cheval mémorise parfaitement le moment de la récompense, il faut que celui-ci arrive à point. Ainsi, par exemple, lorsqu'on travaillera le piaffer en avançant on aura tendance à arrêter puis caresser après avoir obtenu quelques bons pas, action qui s'inscrira dans la mémoire de l'animal. Au contraire, une fois le résultat obtenu, il faudra activer dans le mouvement en avant puis arrêter et exprimer alors sa satisfaction afin que le cheval associe la récompense avec la mouvement, pas avec l'arrêt.
A l'heure ou l'équitation de tradition française est remise en valeur par son inscription à l'Unesco, il paraît utile d'affirmer que dans la façon de se faire comprendre de son cheval l'un des fondamentaux consiste à appliquer strictement la recommandation du Gal Faverot de Kerbrecht : " se contenter de peu, redemander souvent, récompenser beaucoup", et que ceci doit être considéré à l'égal d'un dogme.
Compléments
Le Général Decarpentry écrit, dans le paragraphe consacré à la caresse:
"Ainsi pour enseigner quoi que ce soit au cheval, le cavalier ne dispose jamais que d'un seul moyen : placer son élève dans un ensemble de conditions tel que la réaction de son instinct consiste précisément dans ce que le cavalier veut obtenir. Or, quelle que soit l'habileté du dresseur, il est à peu près impossible que l'ensemble de conditions qu'il a réalisé détermine UNE seule réaction. Le cheval en essaie presque toujours plusieurs, plus ou moins différentes, et le dresseur "guette" l'apparition de celle qu'il désire pour la "récompenser" le plus rapidement possible, par la caresse, notamment."
Ce qu'on peut illustrer avec ces extraits vidéos (les vidéos complètes sont accessibles dans la partie réservée aux abonnés):
Premiers pas de diagonalisation
Recherche du rassembler
Et après avoir expliqué que par la répétitions des demandes, le cheval va associer "tel acte=caresse":
"Il faut encore observer que cette association fonctionne, si l'on peut dire, en sens inverse. Un cheval qui aura mis très longtemps, par exemple, en raison des difficultés que le mouvement présentait pour lui, à former l'association: reculer=caresse, aura par la suite tendance à reculer quand il sera caressé, quel que soit le nouvel acte auquel le cavalier voudrait associer la caresse.
Il en résulte souvent des surprises, et même des méprises au cours du dressage".
Deux extraits vidéo pour montrer des réactions inattendues, issus des journées Equiétudes (vidéos complètes accessibles en consultation libre):
Cheval qui donne une réponse imprévue à une sollicitation, mais logique pour un cheval de spectacle
Cheval qu'on pense punir mais qu'on récompense